Mon père on l'appelle le "tueur"
Tellement qu'il cogne quand il a bu
je crois savoir qu'il a trop peur
D'avouer ses années perdues
Ma mère elle a eu trop d'enfants
Pour l'peu d'amour qu'elle a reçu
Elle traîne son visage blanc
Comme un fantôme au coin des rues
Mes frères ont tous passé le pont
Tendu par l'espion à l'œil bleu
Mes soeurs ont cassé leurs talons
Au dernier des bals de banlieue
Et moi je traîne mon ennui de la hauteur de mes vingt ans
Dans cette cité de fourmis
De cœurs fiévreux
De morts vivants.

Les copains draguent de la Valstar
Dès qu'ils ont trois ronds à prouver
Les filles passent leurs joues au fard
Pour essayer de s'affirmer
Le facteur a toujours un mot
Un sourire un je ne sais quoi
Pour les grenouilles en sarrau
Et les pilliers du bar-tabac
Les animateurs socio-cul
Nourrissent les pigeons du quartier
Y'aura des miettes pour les vaincus
Du gâteau pour les révoltés
Moi j'ai pas faim quand vient midi
Plus tard je bouffe mes sentiments
C'est à la carte et c'est gratuit
A point ou bleu, jamais saignant.

J'voudrais pas finir ma chanson
Ç a m'fait tout chaud d'vous la chanter
C'est pas souvent qu'j'ai l'occasion
Je n'voudrais jamais m'arrêter
Faire tourner mes pauvres accords
Quand bien même après la minuit
Et me saouler de ce décor
Où mon sang cogne à la folie
Où mon sang cogne à la folie
Où la folie cogne mon sang

Je suis le voyou
Le proscrit
Le chien galeux
Le délinquant